HE BREAKS, HE CUTS, HE SPILLS /

Le livre He breaks, He cuts, He spills (Janet 45 / Жанет 45, Sofia, 2021) est une compilation de photos d’archives de presse représentant Todor Jivkov, dirigeant communiste de la Bulgarie de 1954 à 1989. On le voit performer les gestes traditionnels de l’hospitalité bulgare lors de cérémonies d’accueil ou d’inaugurations : rompre le pain, couper des rubans, verser de l’eau en forme de baptême. Si la coupe de rubans est un usage répandu dans le monde, les deux autres coutumes - accueillir les invités officiels avec du pain, du miel et du sel et renverser de l’eau sur le sol en signe de chance, sont des pratiques culturelles typiquement bulgares.

Les images, prises entre 1968 et 1988, sont issues des archives de BTA, l’agence de presse officielle de la République populaire de Bulgarie. Elles sont ordonnées dans le livre en trois thématiques : rompre, couper, verser, sans ordre chronologique, et sorties du contexte de propagande pour lequel elles ont été créées à l’origine. Cette accumulation, où l’on voit le dirigeant flanqué d’officiels et chefs d’Etats étrangers de premier rang (Honecker, Khadafi, Gorbatchev, Indira Gandhi, Ceausescu), est ponctuée de citations de Boiko Borissov, à l’époque son garde du corps, qui lui-même deviendra Premier ministre à de nombreuses reprises depuis 2009, jusqu’au printemps 2021. On retrouve une forme de continuité entre les images du temps du communisme et les mots d’aujourd’hui.

He breaks, He cuts, He spills est une forme d’allégorie humoristique de la ritualisation du pouvoir, de la représentation du culte de la personnalité. L’auteur souligne la banalité du symbolisme politique à travers la répétition monotone des trois actions du leader. Les rituels sont transmis entre les générations de la politique bulgare, les citations de Boyko Borisov condensent les actions de Todor Zhivkov.

Nikola Mihov propose une installation immersive autour de ce corpus d’images.